Imaginons…
- Vous avez identifié un problème à résoudre pour optimiser le fonctionnement de votre entreprise.
- Vous avez envisagé toutes les solutions “traditionnelles”, analyse statistique, recherche opérationnelle, etc., voir par exemple:
C’est maintenant que le plus dur commence: comment trouver son chemin parmi la multitude des solutions disponibles?
1. Large Language Models ou modèles spécialisés?
Un modèle spécialisé dans la détection de transactions frauduleuses sera incapable d’identifier les composants d’une image ou de déterminer si un commentaire sur un produit est globalement positif, neutre ou négatif. Un LLM (= Large Language Model), par contre, possède, de base, une grande capacité à traiter des requêtes très variées et, ce qui ne gâche rien, exprimées en langage naturel. D’où l’émergence des «prompt engineers» et de leurs innombrables listes de requêtes textuelles adaptées à toutes sortes de problèmes spécifiques.
Le modèle spécialisé sera en général plus fiable pour le problème auquel il est destiné, alors que les LLMs sont connus pour «halluciner», «confabuler» ou tout autre anthropomorphisme utilisé pour qualifier le fait qu’ils sont basés sur des analyses statistiques et favorisent les réponses le plus souvent rencontrées dans leurs données d’entraînement. Même s’il est possible de calibrer certains paramètres pour les inciter à prendre plus ou moins de liberté avec la solution «la plus probable», les LLMs, c’est quand même le conformisme institutionnalisé (ce qui est un comble pour des systèmes que leurs concepteurs qualifient de GENERATIVE AI).
Un modèle spécialisé sera généralement moins volumineux qu’un LLM. Il demandera moins de calculs pour obtenir la réponse et sera donc significativement moins énergivore. Généralement plus rapide, aussi.
En outre, lors de l’apparition d’un nouveau type de données, le nécessaire ré-entraînement d’un modèle spécialisé sera moins lourd que celui d’un LLM complet.
Paradoxalement, pas mal de modèles spécialisés proposent actuellement des abonnements plus coûteux que les LLMs. Une tendance qui pourrait rapidement s’inverser, voir par exemple l’intéressant avertissement de Phil Mundwiller il y a quelques jours: «La première dose était gratuite.»
Enfin, si la prise en main d’un modèle spécialisé pouvait, initialement, être plus complexe que celle d’un LLM, il existe maintenant une offre très importante de modèles proposant une interface conviviale et directement opérationnelle sans nécessité de configuration supplémentaire.
2. Solution intégrée ou modulaire?
Si vous envisagez d’utiliser l’IA pour plusieurs applications différentes, vous aurez un choix supplémentaire à faire. De plus en plus de fournisseurs proposent des solutions intégrées: plusieurs types d’applications intégrées avec une interface utilisateur conviviale.
L’avantage est évidemment la facilité de mise en place et l’assurance de compatibilité entre les différentes applications. Cette solution présente par contre aussi quelques inconvénients:- Si vous n’êtes pas intéressé(e) par toutes les applications proposées et que le prix est forfaitaire, cette solution pourrait vous revenir plus cher que l’acquisition des seules applications qui vous intéressent.
- Selon les cas, l’intégration de cette solution dans vos process actuels pourrait être plus ou moins délicate.
- Si vous souhaitez par la suite travailler, pour une des fonctionnalités, avec un nouveau modèle, plus performant, moins coûteux ou plus compatible avec votre organisation, vous risquez de rencontrer des problèmes pour l’intégration de celui-ci dans un écosystème fermé.
- La plupart de ces solutions étant proposées par des entreprises de création récente, dont elles sont souvent le seul produit, il existe évidemment un risque de tenue dans le temps. Si, pour une raison ou une autre, le fournisseur met fin à cette activité, vous risquez de devoir remplacer l’ensemble de vos applications d’IA en un coup.
- Possibilité d’incompatibilité entre les différentes applications
- Lourdeur de configuration de chaque application et des possibles interactions entre elles
- Même risque de durée dans le temps qu’évoqué ci-dessus pour les solutions intégrées.
C’est là que les solutions «low code/no code» peuvent apparaître comme l’outil qui permet de tirer le meilleur de deux mondes:
- En permettant à des non-développeurs de créer des interfaces entre les utilisateurs et des modèles spécialisés, elles facilitent l’intégration d’applications différentes dans une même solution.
- Le low code/no code facilite aussi généralement l’intégration des nouvelles applications avec les systèmes existants: tableur, traitement de texte, gestion de documents, etc.
- La conception intrinsèquement modulaire des solutions ainsi mises en place facilite le remplacement d’une application spécifique, soit parce qu’une autre application apparaît comme meilleure, soit parce que l’application en question n’est plus supportée par son fournisseur. Ne pas être pieds et poings liés avec un fournisseur d’application IA spécifique est effectivement prudent dans ce domaine, très volatile, de créations, fusions, rachats ou fermetures de startups…
3. Low code/no code: Microsoft ou Google?
Low code/no code, qu’est-ce que c’est?
Il s’agit de solutions qui permettent à des personnes qui n’ont que peu de connaissances informatiques de développer des applications, à l’aide de blocs pré-définis et de relations entre eux.
Un exemple? C’est au début des années 2000 que le Lifelong Kindergarten group du MIT Media Lab a commencé à développer Scratch, un langage de programmation visuel destiné aux enfants:
À partir de blocs s’emboîtant les uns dans les autres, même de jeunes enfants pouvaient très rapidement construire de vrais programmes, ludiques le plus souvent.
Le low code/no code, c’est un peu la même chose… mais pour des adultes! No code s’il n’y a que des blocs et leurs relations, low code si un langage de programmation (simplifié) y est associé pour étendre la gamme des applications possibles.
Depuis, le concept a été décliné dans une multitude de tonalités, et les entreprises s’en sont emparées. Voir par exemple la liste proposée par Francis Lelong sur le site de son entreprise de formation dans ce domaine pour les professionnels aussi bien que les particuliers, Alegria Group:
Parmi la multitude des applications low code/no code, deux écosystèmes sont particulièrement intéressants pour les indépendants et les PME: Microsoft Power Platform et Google Workspace.
3.1. Microsoft Power Platform
Au sein de l’écosystème de Microsoft Power Platform, il y a surtout deux applications utiles pour l’intégration d’applications d’IA:
- Power Apps permet de développer rapidement une interface utilisateur conviviale:
Power Automate, de son côté, permet d’automatiser des flux de process faisant intervenir non seulement les différentes applications Microsoft mais également une série impressionnante de solutions indépendantes:
Pour être complets, mentionnons aussi Power BI, qui permet la création de rapports et tableaux de bord complets et interactifs, sur base de données issues d’applications Microsoft mais aussi d’une tout aussi impressionnante gamme de solutions externes:
Jusqu’il y a quelques mois, ces trois applications ainsi que d’autres étaient disponibles moyennant le paiement d’un abonnement unique de 19,99€ pour l’ensemble de Power Platform. Malheureusement, ce n’est plus le cas, et les abonnements individuels pour Power Apps et Power Automate reviennent désormais plus cher que l’abonnement unique de cette époque révolue. Néanmoins, cette solution reste intéressante pour un indépendant ou une PME qui souhaite investir un peu de temps dans la prise en main de ces outils très puissants.
3.2. Google Workspace
De son côté, Google propose depuis des années son écosystème Google Workspace, qui contient, outre les applications bureautiques équivalentes à celles de Microsoft, Google Apps Script, un langage de programmation calqué sur JavaScript, un des langages les plus connus au monde:
En 2020, Google a racheté AppSheet, pour l’intégrer à Google Workspace. Il s’agit d’une application low code/no code permettant de développer rapidement des interfaces utilisateurs conviviales et offrant beaucoup de fonctionnalités d’interactivité avec les utilisateurs, y compris l’intégration avec Google Maps:
3.3. Comparaison des deux solutions
Chacune de ces deux solutions présente des avantages et des inconvénients.
Coût
Les coûts d’abonnement sont plus importants chez Microsoft. Même en faisant l’hypothèse que vous disposiez déjà d’un abonnement Microsoft 365 (Word, Excel, Powerpoint et Outlook), il vous en coûtera, par utilisateur et par mois, minimum (selon les types de licences) 18,70€ pour Power Apps et 14€ pour Power Automate (prix relevés le 29.09.25).
Du côté de Google, pour moins de 10€ par utilisateur et par mois vous aurez accès (entre autres) à Google Sheets, Google Docs, Google Slides, Gmail ET AppSheet, le tout pouvant être programmé à l’aide de Google Apps Script.
Si vous optez pour la photographie de documents papier grâce à AppSheet, Google Apps Script permet de créer les fichiers PDF correspondants, avec une ou plusieurs pages. Pour la même opération avec les applications de Microsoft, vous devrez passer par le connecteur Adobe PDF Services, payant passé un certain nombre de documents.
Rétro-compatibilité
Google ne garantit AUCUNE rétro-compatibilité. En clair, au fur et à mesure des mises à jour de Google, ce sera à vous de vérifier si vos fichiers et applications personnalisées nécessitent ou non des ajustements.
La rétro-compatibilité est par contre un point fort de Microsoft. Le corollaire étant des applications parfois poussives, à force de traîner tous leurs héritages du passé, depuis… des décennies!
Connexion à des applications externes
La palette des applications externes avec lesquelles Microsoft offre des connecteurs prêts à l’emploi est impressionnante!
Google est plus limité à ce niveau-là.
Reste à voir si vous avez besoin de tous ces connecteurs ou non, sachant que dans les deux cas, il est toujours possible de s’interfacer avec toute application externe offrant une API (Interface de Programmation d’Application).
Fonctionnalités disponibles pour vos interfaces utilisateurs
AppSheet ayant été développé, de 2014 à 2020, par une startup indépendante de Google, cette application propose plus de fonctionnalités interactives que Power Apps pour vos interfaces utilisateurs.
Automatisation de vos process
Au-delà des interfaces utilisateurs, lorsque vous vous attaquerez à l’automatisation de vos process avec Power Automate ou Google Apps Script, vous noterez rapidement les principales différences entre ces deux approches.
Power Automate:
- Jusqu’à un certain point et à condition que les applications externes avec lesquelles vous voulez interagir disposent de leur connecteur dans Power Automate, vous pourrez développer vos automatisations à l’aide de copier/coller de «boîtes», un peu comme avec Scratch (voir plus haut).
Par contre, si, comme c’est souvent le cas, vous devez configurer vous-même les connexions avec des applications externes ou vous devez définir une logique un peu plus complexe, il vous faudra passer par les «expressions» de Power Automate. Vous avez déjà vu du VBA? Ça n’a rien à voir, mais ça a une aussi mauvaise lisibilité:
Google Workspace:
- Comme indiqué plus haut, Google Apps Script est le langage de programmation des applications de la suite Google Workspace. Il est très similaire au JavaScript, un des langages les plus utilisés au monde. Outre le fait que vous trouverez probablement plus facilement un collaborateur ou un prestataire connaissant ce langage que les expressions de Power Automate, il faut quand même reconnaître qu’il offre aussi une meilleure lisibilité. Par exemple, le script ci-dessous effectue la même opération que l’expression Power Automate ci-dessus:
AppSheet, par contre, arrive aussi avec ses expressions propres. Ici aussi, il y aura besoin d’un temps d’apprentissage:
Bref, même si Microsoft et Google parlent de low code/no code, soyez quand même averti(e) qu’un peu de codage risque d’être nécessaire. Mais ceci n’a évidemment rien à voir avec l’effort qu’il faudrait fournir en l’absence de ces outils qui, moyennant un léger effort, sont nettement plus faciles à maîtriser. Ou nettement moins coûteux à faire développer par un prestataire externe et plus faciles à maintenir.
Offre IA intégrée
Tant Microsoft que Google ajoutent à leur offre, moyennant supplément, la possibilité d’intégrer avec leurs interfaces low code/no code leurs modèles géants d’intelligence artificielle.
Outre les inconvénients inhérents aux modèles géants (voir §1 ci-dessus), l’utilisation de ces modèles sort clairement du cadre des promesses du low code/no code. Mis à part l’AI Builder de Microsoft, dont le modèle de prix est excessivement nébuleux, toutes les autres solutions proposées nécessitent de passer au niveau supérieur: Microsoft Azure AI Foundry ou Google AI Studio. Honnêtement, si vous ne disposez pas d’un informaticien, vous risquez d’être rapidement découragé(e)…
3.4. Concrètement, comment combiner low code/no code et IA?
Pour un indépendant ou une PME qui ne dispose pas d’un service informatique et ne souhaite pas dépenser des fortunes en consultance, une façon efficace et économique d’intégrer des fonctionnalités d’intelligence artificielle dans ses processus existants est illustrée ci-dessous par l’exemple de l’extraction de données dans des documents en format PDF pour:
- les stocker dans un tableur
- et/ou envoyer une notification à un collaborateur au cas où l’une ou l’autre de ces données ne correspondrait pas aux valeurs attendues:
Sur la figure ci-dessus, les applications nécessaires dans l’écosystème de Microsoft sont indiquées en vert, celles de Google en violet.
Un grand avantage d’une approche modulaire de ce type est qu’aucun composant n’y est crucial:
- Si le modèle IA est supplanté par un concurrent plus performant, il suffit de le remplacer. Les données d’entrée et les résultats extraits sont ses seules interfaces avec l’ensemble.
- Si la base de données doit être remplacée par une autre solution, seul le script ou le flux qui y injecte des données doit être modifié.
- Même le passage de Microsoft Power Platform à Google Workspace ou vice-versa reste faisable sans trop d’effort, du fait de la structure low code/no code de ces deux solutions.
Un corollaire non négligeable étant qu’aucune de ces solutions n’est irremplaçable, de même que les prestataires qui vous les fournissent.
Conclusion
Au-delà de la sélection parmi la multitude de modèles IA disponibles et à venir, le choix entre les solutions proposées par Microsoft et Google devra donc aussi se faire au cas par cas, chaque écosystème présentant ses avantages et ses inconvénients. C’est pourquoi les 3 hibouks offrent leurs services pour la configuration de l’un et l’autre, afin d’être fidèles à leur exigence d’indépendance et de recherche de la meilleure solution pour chaque entreprise particulière. Voilà, c’était un (petit) placement de produit. 😉
Vu le nombre de modèles IA qui sortent chaque jour, il est impossible de tous les connaître. Vous avez entendu parler d’un modèle que nous ne connaissons pas? Ou d’une alternative européenne à Power Platform, AppSheet ou Google Apps Script? C’est avec grand intérêt que nous étudierons pour vous ses avantages et inconvénients pour l’utilisation que VOUS souhaitez en faire. Contactez-nous!
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